aimer
Une sensation nouvelle est née en moi avec mon premier enfant, un sentiment ingénieux, imaginatif, comme si mon cœur, après la naissance de chacun de mes enfants, était devenu plus éminent, plus voluptueux, plus vivant, je déborde tellement d’amour que j’en glisse dans chaque geste quotidien, dans le linge que je lave, que je plie après y avoir mis des bisous, dans les objets sur lesquels je dépose un sourire avant de les ranger, d’une main douce j’ouvre la fenêtre, je me laisse interpeller par la lumière du soleil qui va caresser la vie de mes filles, de mon fils, et un dialogue muet s’établit entre mon cœur gonflé d’amour et le vaste ciel. J’ai envie d’embrasser mes enfants, de les serrer contre moi, mais tout autant d’aimer plus fort, plus large, plus loin, c’est comme si « la moi/femme extérieure « s’était dissoute pour laisser tout doucement une ‘moi/femme intérieure’ se renouveller et se recharger d’amour. et depuis que je suis mère et grand-mère, j’en ai tant, de cet amour à donner, et dans cette délicieuse nécessité, je réalise que plus je donne, plus il me reste à donner l’amour se répand autour de moi, me façonne, me montre comment vivre, indépendamment de moi le contenu de mon cœur devient utile à tout, m’élève et me nourrit, d’une nourriture suffisante, il ne saurait en être autrement, puisque ce que j’éprouve pour mes enfants et pour mes petits-fils est un amour Inconditionnel et je me mets à penser aux personnes que j’aime, - est-ce que, parfois, je ne les juge pas ? mais qui me permet de juger ? Ne m’arrive-t-il pas d’éprouver de la rancœur ? Est-ce que je les aime encore lorsqu’ils ne sont plus aimables ? alors je me pose la question : la seule condition d’aimer ne serait-elle pas d’aimer sans condition ? « Il n’existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l’amour que l’on éprouve pour eux. L’amour du prochain est comme une prière élémentaire qui vous aide à vivre » © Etty Hillesum, (Lettres de Westerbork)