le train, c'est zen
J’adore prendre le train. D’abord, le train, c’est zen. C’est pas un moyen de transport qui nous fait nous énerver, on n’est pas là à jurer comme un charretier parce que l’autre devant n’avance pas ou n’a pas mis son clignotant, remarquez moi je ne jure jamais mais ceci dit, je ne visais absolument personne (surtout pas mon mari ;-))) Alors voilà, je suis là, assise, bien tranquille. Le train s’arrête et absorbe le flot des personnes qui montent. C’est quelque chose d’infiniment coloré et enrichissant. J’adore çà. Les gens arrivent, je les observe pendant qu’ils tournent la tête d’un côté, de l’autre pour choisir la place où ils vont s’asseoir. Je n’ai pas comme ma fille aînée la faculté de parler avec aisance à des inconnus, alors je souris juste d’un air débile, et quand je reçois en échange un sourire cela me fait du bien. J’aime regarder, humer les senteurs, l’eau de toilette du monsieur, les effluves délicieusement parfumées de la dame, l‘odeur de « frais« que dégagent les ados. J’aime bien les ados, leur air fatigué, leur nonchalance, comme s’ils n’avaient pas envie d’être montés dans ce train, comme s’ils n’avaient pas non plus envie de s’asseoir, pas plus envie de se lever une fois qu‘ils sont assis, en somme pas envie d’être là et pas envie d’être ailleurs, ils sont dans leur bulle.Témoin une conversation (on dirait qu’ils sont seuls dans le wagon): La fille : je suis une championne de sport ! Le garçon : t’es trop une tasse-pé toi de dire que t’es une championne de sport en bre-cham ouaich La fille: comment tu me vénères j’ai pas dit en bre-cham t’es ouf toi ou quoi Le garçon: ah bon parce que les keums i’vont dire c’est che-lou celle là qui dit qu’elle est championne de sport en bre-cham ! Lorsque j’étais toute jeune, ma curiosité étant déjà intarissable, j’observais à loisir, sans égard pour l‘autre. Et puis petit à petit j’ai compris à quel point être observé peut mettre mal à l’aise, voire prêter à confusion. Une fois, alors que je descendais du train, un homme m‘emboîte le pas et me propose un café. Il ne voulait plus me lâcher. C’était flatteur sans doute, à moins que. Bon. Çà m’a fait réfléchir. J’ai appris à décoder les gestes, les postures, (je n’ai aucun mérite, à la maison j’ai un exercice vivant au quotidien). Je regarde la femme qui s’est assise en face de moi, sa bouche est enduite d’un rouge à lèvres auburn et luisant, elle porte une jupe très courte, elle a des jambes superbes. Elle est belle, j’ai envie de la regarder. On échange un sourire, quelques mots, puis d‘un coup, elle recule son buste contre la banquette, elle baisse la tête, cherche son portable, le trifouille, n’appelle personne, repose son portable, se mord la bouche, regarde le sol.. Je sais à ce moment que mon regard est devenu pesant. Je fixe alors mon attention sur la voie ferrée qui défile, je me concentre sur elle et comme me l’a expliqué quelqu'une que je ne citerai pas, j’essaie de me vider l’esprit. J’ai lu récemment dans un bouquin que ce petit exercice hypnotique s’apparente à la méditation. Or, je le fais tout le temps quand je suis dans le train.
Donc, sans le savoir JE MÉDITE !!!!!!!!! Waouh !!
Oui, vraiment, le train, c’est zen.
Eh, les gens !
Je vous aime !