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ELLE RE-DÉBLOG
13 septembre 2007

ce soir

Il n’y a pas de bruit dans le logement quand je rentre. Je suis vraiment vidée ! la journée a été particulièrement pénible et je n’aspire qu’à une chose, disparaitre.. Dans l’eau crémeuse de la baignoire.

Je commence par mettre un disque de Sade que j’aime beaucoup, et l’espace se remplit de musique. Dans la salle de bains, j’allume les bougies au néroli. Les astroemerias commencent à se faner dans leur vase.

L’eau libérée par les robinets coule à grands flots, j’y verse du lait de vanille, et puis je ferme les yeux pour me laisser porter par toutes ces odeurs mélangées. Les fragrances me tournent la tête à la perfection, elles restent pour moi la chose la plus sensuelle du monde. Demandez à mon ventre.

Quand j’étais petite, j’enfouissais mon nez dans les oreillers pour retrouver l’odeur de ma petite sœur, j‘enroulais mes cheveux autour de mes doigts pour les renifler. Maintenant, c’est dans les vêtements de mon homme que je m’enroule, ce sont les draps que je renifle après l’amour….. Le désir, la sueur, les peaux qui se frottent sentent si bon ! Les odeurs sont bien plus bavardes qu’une photo !!!!

Le miroir me renvoie l’image d’une femme alanguie qui commence à se déshabiller lentement. En quelques mouvements, tous mes vêtements glissent jusqu’au sol, inanimés.

La femme dans le miroir regarde son corps, ce corps qui l’accompagne depuis une cinquantaine d’années, ce corps qui frissonne, qui dit que la musique l’engourdit et le rend aussi souple qu’un peuplier agité par une brise nonchalante,

cette femme qui pousse un long soupir,les paupières closes, les mains fermées sur sa poitrine,

elle ondule voluptueusement des hanches,

quand brusquement, autour d’elle tout bouge, tout se dérobe, le charme était un piège, la beauté un traquenard, l’effet conjugué de la musique et des mois qui viennent de s’écouler lui gonfle les paupières,

et elle qui n’a jamais su se garder de l’émotion, se protéger du ressentir,

elle pleure,

ses larmes glissent lentement jusqu’à la jointure de ses lèvres

faisant des sillons tièdes sur ses joues

elle pleure

de plus en plus grosses, de plus en plus lourdes, les larmes roulent

des larmes accrochées aux cils comme ses doigts autrefois à la jupe de sa mère,

elle pleure,

peut être que çà ne s’arrêtera jamais ?

8155068_p

ce serait trop facile

il faut savoir dans la vie trouver de la grâce aux orties .....

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Commentaires
A
très émouvant Ambre, j'ai envie de pleurer avec toi.<br /> Mais cela n'appartient qu'à toi c'est ta nostalgie!!!La mémoire des odeurs est la plus importante ,elle nous met instantanément en contact avec nos émotions.<br /> C'est vrai que le corps change ,mais je suis heureuse d'en avoir un, qui fonctionne. <br /> Merci à toi Ambre ,de nous faire partager ce vécu.<br /> Douces pensées pour toi.
B
Punaise, depuis combien de temps n'ai-je pas pris un bain ? cet élément, l'eau, où l'on se sent si bien, où l'on se sent revivre comme au temps où nous n'étions que le foetus dans le ventre de la mère.....et je ne parle pas dans le vide moi qui suis si malheureuse de l'état de nos rivières où je n'ose même plus me baigner !!<br /> Comment on fait quand on n'a pas de baignoire ? simple ! on jette un coup d'oeil sur le bouquet des (dernières) fleurs sauvages qu'on vient de cueillir, on se sert un verre d'un bon petit vin, on allume une baguette d'encens (ha les odeurs ....<br /> encore elles !) , on met un <br /> disque cool (là, je viens de mettre " ROSE"...calme, mélancolique même) , et on vient lire tes messages !! , <br /> Après tout, qu'il y t'il de plus subtil ? lorsque la maison est vide...............<br /> Laisser l'eau des yeux couler, les pensées s'évader, les sentiments s'exalter, les spasmes du ventre se libérer, les sens tourner, la haine crier, la tête se vider et ........... devenir astronaute pour un temps, vivre dans l'apesanteur.....et <br /> plonger dans un champ d'orties ? mais qu'est-ce qu'elles viennent faire là les orties ?
G
Je suis très sensible aux odeurs comme toi...Elles me font voyager dans le temps, les odeurs de vieilles maisons. J'ai d'ailleurs constaté cet été qu'elles se perdent, on repeint les escaliers, on doit aussi les nettoyer avec des produits différents, et les odeurs changent. <br /> Tout se perd...le corps aussi. <br /> Il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer, et ça fait du bien. J'aime bien pleurer aussi, surtout quand je ne sais pas pourquoi...<br /> *c'est le titre d'un roman de P.K. Dick...
A
J'ai moi même constaté avec amertume que ces orties poussent souvent quand je me retrouve seule avec moi même, face à ma corporalité, un peu comme si mon corps - devenu ce qu'il est aujourd'hui- me rappelait ce qu'intérieurement je suis... c-à-d un être souffrant.<br /> Delà à fuir ce corps, je ne peux m'y résoudre. Alors que reste-il comme solution à part faire avec? <br /> Mais ceci sans résignation, et sans acceptation non plus, dans la lutte...justement parce que c'est cette lutte qui me fait tenir.<br /> <br /> Ton billet m'a beaucoup émue. Surement parce que vécu...<br /> J'en garde un bout pour mes haïkus de fin de moi, si je peux.(?)<br /> Je t'embrasse.<br /> arthi
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